Décembre 2010. Nous obtenons un rendez-vous avec Jean-Octave Dupont, directeur de la Macif Rhône-Alpes. La mutuelle, à l’époque, venait de contribuer à la création d’une chaire de l’économie sociale et solidaire de l’Université Lyon 2. Nous avions alors osé ce parallèle pour qu’il s’intéresse à nous : la perspective de créer un espace de travail partagé pour des professionnels free lance, exposés à une certaine précarité, relevait bien d’une intention de solidarité. Et comme cette initiative bénévole n’appelait aucune arrière-pensée lucrative, elle relevait forcément de l’économie sociale et solidaire. De l’ESS en pratique, quoi. Mais que nous rêvions de faire subventionner, en phase d’amorçage.

Jean-Octave Dupont nous a donc reçus, quelques jours avant Noël. Ce soir-là, nous sommes cinq dans son bureau, il ne manque que Julius (futur président de l’AdM). Il nous interroge longuement sur nos intentions. Le « coworking », il n’en a pas beaucoup entendu parler – et pour cause : nous allions être les premiers à Lyon à l’inventer. Mais il a vite perçu ce que nous voulions tenter. Il nous fait cette proposition à laquelle nous n’avions pas pensé : nous installer durant cinq mois dans des locaux inoccupés dont l’entreprise allait se séparer, pour tester notre projet. En contrepartie, nous devions nous constituer en association, nous assurer et nous acquitter d’un loyer au montant symbolique. Ce que nous avons fait. Dans les jours suivants, nous avons baptisé l’association « l’Atelier des médias », déposé nos statuts… puis appris à grandir.

Quatre ans plus tard, l’Atelier des médias s’est fait un nom. Sans subvention ni appel à la générosité publique. Nous sommes 68 coworkers à venir fréquenter le deuxième étage du 9 quai, André Lassagne. La Macif Rhône-Alpes est toujours partie prenante de notre aventure. Et toujours de manière discrète : la mutuelle loue nos locaux et nous sommes ses sous-locataires… invariablement ponctuels dans le paiement des loyers ! Nous tirons notre chapeau à la Macif Rhône-Alpes. Nous lui garantissons que chez nous aussi, « la solidarité est une force ».

Interview de Jean-Octave Dupont,

par Laurent Poillot