Étienne Duranton (38 ans) mène deux projets de front : construire un village de Hobbit, – du nom de la créature semi-humaine habitant la Comté du Seigneur des anneaux – et développer des solutions de réalité augmentée pour Escape Game et Serious Game.

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Avec son casque Occulus sur les yeux – et son masque en cette période de crise sanitaire – ou caché dans sa maison de Hobbit tirée de l’imaginaire de J.R.R. Tolkien, Étienne Duranton est en fait en train d’explorer. Quel que soit l’outil, la réalité virtuelle ou la construction d’habitat alternatif, il s’aventure à rendre la vie un peu plus magique. Alors comment en est-il arrivé là, ce nouveau coworker de l’Atelier des médias, qui nous a rejoint en septembre dernier ?

Fraîchement accepté aux Arts et Métiers de Cluny en 2003, il réalise que ce sésame prestigieux ne lui suffira pas. « Ce n’est plus tout à fait ce que je voulais faire », se rappelle-t-il. La mécanique, ou plutôt le bricolage, restera alors une passion, un hobby. Pour sa carrière, il se raccroche à un souvenir : en primaire, dans les années 90, il se dépêchait de finir les exercices pour pouvoir jouer à coder sur l’ordinateur au fond de la classe. « Il s’agissait « simplement » de développer des jeux de questions réponses ou de générer des formes géométriques, mais depuis, cela ne m’a pas lâché », poursuit-il.

« La magie de l’informatique opère »

Un master en réalité virtuelle en poche, il rejoint Electronic Art, basé à Vaise, en 2006, et un an plus tard, Total Immersion, une PME parisienne qui fait de la réalité augmentée avant l’heure. Fidèle au syndrome Minitel français, la technologie est là, la demande sur le marché, elle, tarde à émerger. « Par exemple, on développait des miroirs magiques pour tester des lunettes », explique notre nancéien de 38 ans. Évidente aujourd’hui, cette offre était bien trop précoce, avant même l’apparition des tablettes connectées. Qu’à cela ne tienne, Étienne poursuit sa route à Lyon ; il y rencontre une Estonienne et la suit dans son pays. « Et là, la magie de l’informatique opère : je trouve tout de suite du boulot, pour un prestataire de Skype. »

Étienne Duranton joue alors le rôle de cheville ouvrière entre le monde de la recherche universitaire et celui de l’entreprise. Son objectif : rendre la recherche concrète, applicable et commercialisable ; bref, la transformer en innovation. Fort ces expériences, il se lance ensuite dans l’entrepreneuriat.

Il retourne en France et rejoint des amis de l’école. Ensemble, ils créent la société Paztec, spécialisée en réalité virtuelle. Grâce à eux, vous pouvez voyager dans le temps. Grâce à une tablette, vous pouvez ouvrir une fenêtre sur le passé de lieux touristiques et historiques ou visualiser le futur de projets architecturaux et urbanistes. L’entreprise se fait connaître, mais peine à faire vivre pleinement les trois amis.

« Offrir la possibilité de s’évader »

En 2017, grand virage et retour à la passion du bricolage. Étienne se lance dans la construction d’un prototype de maison de Hobbit… dans le but semi-avoué de se lancer un jour dans la construction d’un village entier. « J’aimerais offrir un lieu de vacances déconnecté, en habitat collectif mais où chacun dispose de son espace, pour voyager sans aller à l’autre bout du monde », témoigne l’ingénieur qui apporte aujourd’hui la touche finale à sa première maison de Hobbit. Il devrait pouvoir la louer dès cet été.

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Étienne Duranton a construit ce prototype de maison de Hobbit dans le jardin de sa maison de campagne, à proximité de Cluny (Bourgogne-Franche-Comté). Elle sera bientôt à louer.

Enfin, en 2020, il se lance en parallèle en tant qu’indépendant dans la réalité augmentée pour les Escape Game. Le lien entre les deux projets ? « Pour moi que cela soit créer un village dépaysant ou proposer une immersion en réalité virtuelle, c’est simplement offrir la possibilité de s’évader », explique ce rêveur réaliste. En VR, il a ainsi déjà plusieurs clients à Lyon et Saint-Étienne et se développe dans la formation industrielle. « Un serious game permet de créer des simulations et de former certains techniciens et ingénieurs sans mettre les usines à l’arrêt : cela représente des gains substantiels pour mes clients. »

Même si 2020 ne fut pas le meilleur millésime pour se lancer dans une nouvelle activité, le développeur ne manque pas de travail. « L’Atelier des Médias m’a d’ailleurs été très utile pour cela, puisque je suis deux à trois fois plus efficace au bureau, confie-t-il. Et les rencontres déboucheront, je l’espère, sur de belles collaborations. » Puis, de rajouter : « En cette période de confinement, c’est de toute façon génial d’avoir une communauté et de se parler, tout simplement. »