MarlèneEn une ligne, comment définis-tu ton travail ?

Je propose du conseil en communication avec une forte composante éditoriale.

Pour qui travailles-tu ?

J’ai deux types de cibles. Je ne me vends pas de la même manière.

D’une part, je fais de la sous-traitance pour des agences de publicité et de communication. Dans ce cas, je suis une rédactrice pure : je produis des contenus éditoriaux pour tous supports sans conseil et sans proposition créative.

D’autre part, je travaille pour les clients finaux. Là, mon offre est plus diversifiée, plus experte. Le savoir-faire que les clients trouvent en agence, je l’apporte : j’agis comme une chargée de communication externalisée. Dans ce cas, mes clients sont des PME sans chargée de comm qui externalisent la fonction en achetant des journées de conseil et de gestion de projet.

Quelle différence fais-tu entre les clients du secteur public et ceux du secteur privé ?

Dans une collectivité, il y a presque toujours une compétence présente en interne, que ce soit tout un service de communication ou juste un chargé de comm.

Dans les PME, la culture est plutôt celle de l’industrie. Les enjeux de la communication y sont moins compris. Le niveau d’exigence est moins élevé. Le contenu passe seulement par le produit. Mais ce monde est aussi caractérisé par une grande proximité : les gens y sont très accessibles.

Les collectivités sont mon milieu d’origine — je suis fonctionnaire, avec le statut d’attachée territoriale. Entre nous, il y a une vraie reconnaissance mutuelle : je comprends les impératifs liés à la relation aux élus, à la vie de la collectivité. Ce sont des problématiques qui dépassent les problématiques de la communication, et ça les intéresse.

Fonctionnaire et entrepreneuse, c’est un paradoxe, non ?

Je me suis mise en disponibilité depuis 2010 pour création d’emploi. Je retournerai au public, mais pour l’instant, je jouis d’une telle liberté personnelle et professionnelle que je ne suis pas pressée. Je peux créer mon offre et mon emploi comme j’ai envie. Je suis aussi seule à assumer mes échecs. Je ne regrette pas une seconde d’avoir fait ce choix.

Autant j’aime les valeurs du service public — c’est pourquoi j’ai fait ce concours —, autant je ne me sens pas une carrière toute tracée. En collectivité, chaque décision est prise par différents niveaux hiérarchiques. Il y a une forte inertie.

Et puis il y a l’héritage familial. Ma mère était fonctionnaire, mon père entrepreneur. J’ai donc les deux cultures.

Quelle était ton expérience en collectivité ?

À la communauté d’agglomération du pays de Montbéliard, j’ai géré la communication d’un pôle de développement économique dédié au numérique. Ce territoire est marqué par l’industrie automobile. Une entreprise sur deux est un équipementier auto qui fait face à une érosion lente de ses effectifs et de son chiffre d’affaires. C’est donc un territoire en souffrance. L’enjeu est d’accompagner le passage au tertiaire du territoire.

J’avais seule la charge de la promotion du projet. C’était un poste très complet : je présentais le plan de comm aux élus avec un budget et un plan de mise en œuvre.

Puis au bout de 3 ans, le contrat rempli, je suis revenue à Lyon d’où je suis originaire. Après avoir eu ma fille, je suis devenue attachée de presse à la Région. C’est un service assez politique, donc intéressant. Mon rôle était de trouver une valeur ajoutée à l’info pour les médias.

Que t’apporte le coworking ?

En coworking, j’apprends une culture de la collaboration. Le réseau est une donnée permanente inhérente à l’activité des indépendants, que ce soit pour trouver des fournisseurs ou des clients.

Et ça tombe bien : j’adore cultiver des liens avec mon entourage. J’aime les rapports humains. J’aime amener des personnes qui ont des intérêts contraires à se parler. Les relations publiques et la circulation des idées sont importantes dans la comm.

Comment te vois-tu dans cinq ou dix ans ?

Je me vois très bien 🙂 J’ai droit à 12 ans de disponibilité au total avant de perdre mon statut de fonctionnaire. Sur ces 12 ans, j’en prendrai 10. Je pourrai retourner dans le public comme cadre dans 5 ans.

Pourquoi ?

Je ne me vois pas vieillir dans le statut d’indépendant. C’est précaire, les charges sont élevées. Et malgré ces charges, je n’ai pas de prévoyance, pas de retraite. Un développement commercial permanent est nécessaire pour avoir un revenu de son activité. De plus, il y a une sorte de diktat du jeunisme dans la comm : à 45 ans, on passe la date de péremption. J’avais déjà pensé à tout ça quand j’ai pris une disponibilité pour créer mon job.

Mais aujourd’hui, cela convient à 100% à mon mode de vie. Cela me permet de concilier au mieux vie personnelle et vie professionnelle.

Propos recueillis pas Nicolas Gauthy